Le besoin d'amour – besoin vital d'être aimé et d'aimer à son tour – est profondément ancré dans la nature humaine et semble essentiel pour chacun d'entre nous. En réalité, ce besoin gouverne les vies et fonde le lien social dans toutes les civilisations.
Qui n'a jamais rêvé d’une belle histoire d'amour transcendant le temps ? Beaucoup de gens, certes, ont cherché un amour authentique qui dure… tout en reconnaissant en même temps qu'il n’y a pas d’individu parfait dans ce monde ! Bref, finalement, très peu de personnes ont le privilège de trouver le véritable et grand amour au cours d'une existence inéluctablement limitée par la mort ! Il est nécessaire donc de se rendre à l'évidence, l’amour humain même le plus désintéressé reste éphémère et entaché d'imperfections. Pour autant, faut-il accepter de perdre toutes ses illusions de trouver le véritable amour éternel ? Non, absolument pas… si toutefois notre amour terrestre est habité par l'amour céleste !
En effet, Dieu est connu comme l’unique source d’amour (1) parfait et éternel. Rien n'est plus grand que son amour infini pour les hommes et lui seul peut offrir une dimension illimitée à l’amour humain. En un mot – conformément aux Ecritures –, il désire tout naturellement partager son éternité avec eux, du moins avec tous ceux qui acceptent ce dessein inouï !
Outre sa merveilleuse grâce à notre égard (thème que nous aborderons en seconde section), Dieu donne à tous les êtres une intelligence et un libre arbitre. Dans un premier temps, arrêtons-nous sur ce dernier.
Dieu offre à l’homme le droit de choisir librement
A ce sujet, le théologien Georges Stéveny écrit : « Dans son incompréhensible grandeur, Dieu offre à l’homme le droit de choisir. Le pouvoir d’acquiescer ou de refuser. La liberté ! La liberté de l’homme, c’est le don de participer à la nature divine, et c’est en même temps le don de pouvoir refuser (2). »
Pareillement, de son côté – dans son œuvre remarquable, intitulée Ontologie de la liberté –, le grand philosophe italien Luigi Pareyson met en valeur l'importance fondamentale de la liberté humaine : « Pour l'homme, la liberté, qui est son essence et sa dignité, est la chose la plus précieuse, même si elle va de pair avec le risque inévitable d'un usage négatif. C'est ainsi que Dieu la considère et il conserve envers elle le plus grand respect, quel qu'en soit l'exercice, positif ou négatif. [...] L'œuvre humaine aurait pu être considérée comme réussie si elle avait été confirmée par la libre adhésion de l'homme, mais il semble que l'homme ne puisse affirmer sa liberté que par la désobéissance et la révolte au moyen desquelles il introduit le mal dans le monde, empoisonne toute la réalité et conduit la création à l'échec. [...] Au nom de son estime pour la liberté humaine, Dieu fut contraint d'accepter, tout en la condamnant et en acceptant ses conséquences, la décision négative de l'homme (3). »
Sans la liberté accordée aux humains, si sacrée et fondamentale pour Dieu, l’amour divin n’aurait pas été totalement crédible. Autrement dit, le libre arbitre est inhérent à l’amour. En le donnant à ses créatures tout en sachant ce qui lui en coûterait, Dieu consent délibérément à se limiter par amour pour ses créatures au risque de les perdre ! Mais cette liberté nécessaire pour que l’amour soit plausible était à ce prix. Ainsi, nous sommes des hommes libres et non des marionnettes ou des robots !
Les humains peuvent donc se déterminer librement face au chemin de vie proposé par leur créateur. Plus précisément, ils ont la capacité d'accepter ou de refuser le salut que Dieu leur offre gracieusement. Pour l'homme, il s'agit en fait du choix le plus crucial ici-bas puisqu'il commande son destin : la vie éternelle pour celui qui choisit de marcher avec Dieu ou la mort éternelle pour celui qui rejette son plan.
Respectant notre liberté – fruit de son vouloir – Dieu ne nous contraint pas à accepter son salut, mais nous invite par contre à choisir le bon chemin pour avoir accès à la vie nouvelle : « Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » (Deutéronome 30.19).
Malheureusement, en qualité de créatures libres, on sait que celles-ci ont en tout temps délibérément choisi de marquer leur émancipation à l'égard de leur créateur et de son grand projet d’amour pour l’humanité. De par leur mauvais choix, tous les hommes sans exception ne peuvent nier leur état de pécheurs, sont dès lors coupables devant Dieu et séparés de lui.
Dieu souffre de ce choix de l’homme qu’il a créé candidat à l’éternité et dès la chute du premier couple, fait la promesse de le délivrer de la mort éternelle (Genèse 3.15). Mystère insondable exprimant son éternelle bonté !
Dieu accorde sa merveilleuse grâce à tous ceux qui croient
L’apôtre Paul démontre le besoin universel de salut et la nécessité d’une intervention divine. Il explique alors comment Dieu, à travers sa tendre miséricorde et par amour pour ses créatures vouées à la perdition éternelle, leur donne une seconde chance pour leur permettre néanmoins d'accéder à la vie éternelle… une grâce extraordinaire obtenue en leur faveur par son Fils Jésus-Christ qui prendra leur place en acceptant la mort la plus atroce – celle de la croix – afin de payer le prix de leurs transgressions : « Tous, en effet, ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et c'est gratuitement qu'ils sont justifiés par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ » (Romains 3.23-24). Si à cause du péché, tous les hommes méritent la mort, à tous est offerte de cette manière la grâce d’un Dieu aimant, génératrice d’une vie nouvelle.
La grâce est l'expression dominante de l’amour de Dieu révélé en son Fils : « Dieu a déversé sa grâce sur nous : c’est la faveur pleine d’amour qu’il a décidé d’accorder à ceux qu’il sauve. Nous ne pouvons ni gagner ni mériter le salut. Aucun effort religieux, intellectuel ni moral ne peut nous l’acquérir, parce qu’il est exclusivement le produit de la bonté et de l’amour de Dieu. Sans la grâce de Dieu, le salut reste inaccessible. Pour le recevoir, nous devons reconnaître que nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes, que seul Dieu en a le pouvoir et que la foi en Christ est le seul moyen de bénéficier de cette faveur divine (4). »
Ce plan inouï de sauvetage de l'humanité, cette « histoire du salut » ou plutôt cette merveilleuse histoire d'amour entre Dieu et les hommes, c'est justement ce que rapporte la Bible… qui est le texte fondateur du christianisme, la source de la foi chrétienne. Dans ce livre par excellence, Jésus-Christ en personne nous révèle la grandeur de l'amour de Dieu et le grand dessein divin pour l’humanité : « Je n’ai pas parlé de ma propre initiative : le Père, qui m’a envoyé, m’a ordonné lui-même ce que je dois dire et enseigner. Or, je le sais bien : l’enseignement que m’a confié le Père, c’est la vie éternelle » (Jean 12.49-50, La Bible du Semeur). « Oui, voici ce que veut mon Père : que tous ceux qui voient le Fils et croient en lui aient la vie éternelle et que je les relève de la mort au dernier jour » (Jean 6.40, BFC).
Un amour qui dépasse tout entendement : « L’amour de Dieu est tout à fait unique [affirme le pasteur Richard Aasman]. Aucun amour sur terre n’est comparable au sien. […] L’amour du Père pour nous est si profond qu’il a livré son Fils à la mort pour nous et c’est de plein gré que son Fils est allé à la croix pour nous. Pourquoi ? Parce que c’était la volonté de Dieu de nous sauver, même à ce prix inestimable, afin de nous restaurer pour que nous devenions ses enfants et que nous lui appartenions pour l’éternité (5). »
En résumé, comme un père qui aime tellement ses enfants (au fond, des pécheurs qui méritent plutôt sa colère), Dieu dans son amour inconditionnel leur offre souverainement un cadeau immérité en désirant tout simplement – répétons-le inlassablement – les faire participer à sa vie bienheureuse… et éternelle ! Il convient de citer ici l'un des passages les plus connus de la Bible qui illustre aussi bien la relation empreinte d’affection existant entre Dieu et les humains que la voie du salut : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3.16).
De l'amour humain à l'amour divin !
C'est pourquoi, si nous désirons vivre dans l’amour éternel, nous sommes tenus de travailler à nous conformer à celui de Jésus-Christ qui nous a donné ce grand commandement de l'amour : « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jean 13.34).
Certes, il est assez facile d’aimer ceux qui nous aiment, mais aimer sincèrement quelqu'un qui, volontairement nous fait souffrir, à plus forte raison sacrifier sa propre vie pour lui, semble bien injuste et de la pure folie. Et pourtant, cette exigence élevée relève des paroles mêmes du Christ : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5.44), sans conteste, l'une des injonctions du Nouveau Testament les plus difficiles à appliquer !
En effet, dans ce verset, Jésus innove en nous invitant à aimer nos ennemis, à leur faire du bien. A première vue, ce haut niveau à atteindre pour que notre amour ressemble au sien paraît insurmontable ! Mais en réalité, cela est possible si nous laissons « l'amour divin se répandre dans notre cœur » (Romains 5.5)… afin qu’il déborde par la suite sur les autres, jusqu’à ce que Dieu transforme également leur cœur et leur vie !
Dès lors, nous pouvons dire que notre amour humain tend à ressembler à l'amour divin… C’est en tous cas la pensée du célèbre écrivain Léon Tolstoï qui a pu écrire : « Aimer un être qui nous est cher, c’est de l’amour humain, mais aimer son ennemi, c’est presque de l’amour divin (6) ! »
Ainsi, il est tout à fait envisageable de parfaire notre amour terrestre et de lui donner une dimension éternelle… en accueillant l’initiative d’amour de Dieu envers nous à travers la personne de Jésus-Christ. Assurément, sans une rencontre et une fusion avec l'amour divin, l’amour humain est vain et il est pratiquement impossible d’aimer de façon inconditionnelle et désintéressée.
Terminons notre réflexion par cette belle prière de l’apôtre Paul exprimant l’immensité de l’amour de Dieu ou du Christ pour nous : « Que le Christ habite dans vos cœurs par la foi. Je demande que vous soyez enracinés et solidement établis dans l'amour ; ainsi vous aurez la force de comprendre, avec tous ceux qui appartiennent à Dieu, combien l'amour du Christ est large et long, haut et profond. Et vous connaîtrez alors son amour, bien qu'il surpasse toute connaissance, et vous serez ainsi comblés de toute la plénitude de Dieu » (Ephésiens 3.17-19, NFC).
Vraiment, on peut dire avec raison que le christianisme est une religion exceptionnelle... de par son essence même, l'amour absolu de Dieu pour l’humanité. |